Wakfu: l'histoire parallèle (partie 3) - Les Carnets 11 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 14

"Rémiro! S'il-te-plait, Rémiro! Réveille-toi, ne me fais pas ça! Rémirooo!!!"

Le iop eut un soubresaut. Il cligna des yeux. Lentement, le brouillard laissa place à la lumière. Un souffle rauque s'échappa de sa gorge. Il sentait une pression sur son torse; Auriny, les yeux brouillés de larmes, donnait des coups sur sa poitrine. Lorsqu'elle le vit se réveiller, le visage de l'eniripsa s'illumina.

"Oh, Rémiro!"

C'était maintenant des larmes de joie qui coulaient sur ses joues. Ne pouvant plus se retenir de tant d'émotions, elle sauta au cou su iop, et l'embrassa avec ardeur. Surpris, Rémiro ne sut comment réagir, et ferma les yeux pour mieux apprécier le moment. Ces quelques secondes qu'ils vécurent semblèrent prendre des heures. Puis, Auriny releva sa tête, éloignant ses mèches de cheveux avec sa main. Elle était toute rouge, et hoqueta légèrement.

"Qu'est-ce qui... c'est passé? demanda-t-il.
- Ton cœur avait... snif... arrêté de battre, bredouilla Auriny. J'avais tellement peur de... de t'avoir perdu...
- Mais... tu es une eniripsa... ne pouvais-tu pas me soigner?
- Je peux soigner les blessures, pas faire rebattre ton cœur! Heureusement que j'ai pris des cours de secourisme l'année passée et que je sais comment faire des massages cardiaques... Oh, que je suis contente! cria-t-elle au ciel.

Auriny aida son ami à se remettre debout, et essuya ses larmes.

- Ne me refait... jamais une chose pareille! l'avertit l'eniripsa. Je ne pourrai pas tenir le coup si tu meures.
- Mais je ne mourrai pas, dit Rémiro en souriant.

À la grande surprise d'Auriny, le iop se tourna vers le champs vague créé par la déflagration.

- Andyspak! cria-t-il. Reviens te battre, si t'es un homme! Tu n'as pas le droit de me tuer d'une pichenette! Je..."

"Sbaf!"

Auriny le gifla.

"Tête de iop! le traita-t-elle. Tu ne peux rien contre lui! Arrête d'y penser!
- Mais je...
- Au lieu de gaffer, commence par regarder plutôt l'effet qu'il a sur Renée.
- Quoi?"

Il regarda en direction de la féca. Celle-ci tremblait comme une feuille, et jetait des coups d’œil troublés autour d'elle. La sueur perlait sur son visage, et semblait au seuil de la paranoïa. Elle gémit:

"Il n'est pas absent! Il est là, je le sens! Peut-être cet arbre, là, ou la roche, là-bas!

L'agente Walker s'accroupit sur le sol, les bras par-dessus sa tête.

- Il est partout, partout à la fois..."

Elle se tut, mais continua à trembler. À sa gauche, des pierres se soulevèrent. Une main sortit d'entre les ruines, et Isaure se hissa difficilement hors des débris. Lentement, elle se remit sur pieds. Elle était remplie d'ecchymoses, et son bras droit était tordu d'une manière étrange. Cachant du mieux qu'elle put sa douleur, la roublarde se traina vers Renée.

"Lève-toi! Ce n'est pas le temps de t’apitoyer sur ton sort! dit-elle.
- On a... perdu d'avance... répondit la féca, désespérée. On va tous... mourir...
- Mais relève-toi, bon sang!

Elle la leva de force.

- Souviens-toi de la dernière fois, Renée. Souviens-toi de la fois où nous l'avons vaincu!
- Mais on ne peut pas... le tuer... une seconde fois!?
- Si, on peut!
- Nous étions... près d'une vingtaine contre lui... Nous l'avions tous attaqué en même temps, par surprise... de dos... Et il n'avait pas le dixième de sa puissance actuelle!
- Pff...
- Tant qu'il porte ses masques sur lui, il est invincible... On est foutus... On est foutus..."

Renée se remit à se lamenter. Auriny s'approcha, et analysa le bras d'Isaure. Tous les os étaient réduits en miettes, et elle souffrait de graves hémorragies, internes et externes. L'eniripsa leva sa baguette, et une douce lumière bleue illumina le bras de la roublarde. Cette-dernière éloigna aussitôt son membre, lui faisant signe d'arrêter.

"Vous ne voulez pas que je vous soigne? s'étonna l'adolescente.
- Pour mon honneur, je n'ai jamais accepté de me faire soigner sauf par une seule personne. Cette personne m'a sauvé la vie, et elle est morte maintenant.
- Je... je suis désolée pour Cyrano...
- Il est mort en combattant. Il n'y a pas de désolation à se faire. Essaie plutôt de soigner celle qui te protège."

Isaure s'éloigna en boitant. Auriny l'interpella.

"Et vous, vous allez faire quoi?
- Je pars à la recherche d'Andyspak. Je ne connais pas ses plans, mais je sais qu'il a enlevé mon fiancé. Et je ne vais pas l'abandonner.
- Qu'est-ce qui ne vous dit pas que c'est justement ce qu'Andyspak veut de vous?

La roublarde se tourna tristement.

- Je ne veux pas qu'Andyspak détruise la planète entière. Je ne veux pas qu'il détruise toute l'humanité. Mais si j'ai une infime chance de sauver Gendiki, je le sauverai. Quel qu'en soit le prix."



"Ouf, les enfants, quelle journée!"

Renée Walker avait peu à peu repris ses esprits. Andyspak était de retour, il fallait maintenant l'accepter. Les renforts de police étaient arrivés, et les secours médicaux ont vite réagis. Nos héros étaient maintenant embarqués dans une voiture qui avait été amenée spécialement pour Renée. La féca avait pris le volant, et conduisait en prenant de grandes longues respirations.

"Il faut absolument faire quelque chose. Andyspak en liberté, il peut arriver n'importe quoi.
- Madame Walker? demanda Auriny. Qui est vraiment cet Andyspak?
- Andyspak, c'est le diable en personne, répondit Renée. Si tu es encore en vie en ce moment, c'est parce qu'il en a décidé ainsi. Il sait tout, il voit tout, il entend tout.
- Alors, comment avez-vous fait pour le vaincre la dernière fois?"

La féca soupira. Les souvenirs la firent grimacer.

"Ne vous êtes-vous jamais demandé comment nous avions fait pour nous adapter si facilement à ce nouveau monde qu'est la planète Terre?
- Euh... non.
- Nous n'avions rien fait. Andyspak a fait tout le travail. Il a trouvé des métiers pour ceux d'entre nous qui avons accepté son aide, il nous a payé nos logis à tous, nous a intégré à la société... bref, sans lui, je ne serais pas chef de la GRC aujourd'hui, mais dans un laboratoire spécialisé où l'on garderait les extraterrestres.
- Mais alors, il était gentil!
- C'est de cette naïveté dont se nourrit ce zobal.
- Zobal?
- Il est démoniaque! Pour arriver à ses fins, il tue, détruit, torture... Sur tous les zobals, celui qui nous a accompagné est de loin le plus dangereux de tous.
- C'est un psychopathe?
- Il est l'intelligence incarnée. Il peut décortiquer une situation, n'importe laquelle, en quelques secondes. Si un oiseau migrateur vole dans la mauvaise direction, il saura où et quand un avion aura passé pour le détourner de sa route principale. Son potentiel est sans égal, et sa puissance, sans limite. Et il y a ces masques...
- Des masques?
- Un zobal normal possède deux ou trois masques, qu'il chérit et qu'il protège comme sa propre vie. Chaque masque donne un certain pouvoir, et il en porte un différent selon chaque situation. Mais Andyspak n'est pas qu'un simple zobal. Je ne sais pas comment il a fait, mais il a trouvé une technique pour accumuler ses pouvoirs: en portant tous ses masques en même temps!
- Mais Isaure a dit que vous l'aviez vaincu!
- Et c'est vrai. Lorsqu'on est venu sur Terre, au début, il ne portait aucun masque. Encore une fois, c'est très louche pour un zobal. Toujours en est-il qu'il en avait des dizaines avec lui! Tous ses masques étaient cachés dans un sac à dos, qu'il transportait constamment. Malgré ses bonnes intentions, il agissait trop mal pour qu'on le laisse en vie. Tout le monde était d'accord, même la Rénégation. Avec vos parents, on a organisé un plan.

La féca reprit son souffle.

- Un jour qu'il avait oublié ses masques dans sa chambre, nous l'avons attaqué tous en même temps. Il n'a pas pu réagir. En moins d'une minute, il était mort.
- Mais...
- Il avait perdu tout son sang, son cœur ne battait plus, et ses poumons étaient troués, l’interrompit Renée. Nous l'avons enterré... Ah, pourquoi on n'a pas pensé à l'incinérer, ou à séparer ses membres aux quatre coins de la planète?"

Elle appuya sur un bouton sous la radio de l'appareil. Un bruit d'attente téléphonique se fit entendre, puis une voix répondit.

"Allo?
- Antoine? C'est Renée.
- Renée?! Comment ça va? cria-t-il dans les haut-parleurs. J'ai vu l'usine exploser, je me demandais si...
- Andyspak est de retour.
- Andyspak? LE Andyspak? Whoah, donc la Terre est en danger!? Cool!
- Antoine! grogna la féca.
- Quoi? Je suis peut-être Andyspak déguisé!
- Non, tu es trop mauvais acteur. Le zobal ne choisit que les personnes les plus intelligentes.
- ... Et je suis supposé en déduire quoi? dit Antoine d'un ton sarcastique.
- Je t'appelle pour te dire qu'on vient chercher Simon, et pour t'avertir de faire attention. Il a peut-être pris le corps de quelqu'un à la GRC pour nous espionner. Prends garde à la taupe.
- Pas de soucis.
- Dernière chose! Il adore prendre possession de personnes dont le nom commence comme le sien: avec la lettre A.
- Compris."

Antoine raccrocha. Son regard se posa sur un bureau vide à l'étage du dessous. Il écarquilla les yeux.

"Annabel!"Page précédentePage suivante