Wakfu: l'histoire parallèle (partie 2) - Les Carnets 10 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 16

Tout est noir. Un noir doux. C'est confortable. Malgré un léger poids sur l'estomac, Gendiki n'avait jamais pu vivre un tel moment de confort. Étant disciple du dieu des sacrifices, il considérait que de rester dans un environnement de douceur était presque l'équivalent d'un péché, mais qui s'en souciait, maintenant qu'il était mort? Il décida de faire durer le plaisir.

Une petite sensation dérangeante agaça son nez. Quelque chose de poilu lui chatouillait les narines. Intrigué, il ouvrit un œil...

"Aaaahhh!!" cria-t-il.

Sur son visage se dandinait une espèce de gros lapin dodu, qui possédait une tache en forme de cœur sur la face. L'animal, apeuré, sauta hors du lit et se précipita derrière les jambes de son maitre. Cyrano passa sa main dans le duvet de son lapino pour le calmer.



"Relaxe, Gendiki. Ce n'est que moi, ton meilleur ami.
- Ah, Cyrano? dit le sacrieur en se recouchant. On est au paradis, hein?
- Euh... Désolé de te décevoir, mais tu es toujours vivant, annonça l'eniripsa.
- Quoi?!

Gendiki se leva d'un coup.

- Co...comment? Pourquoi? Qu'est-ce que... Tu peux bien répéter?
- C'était limite. Quelques minutes plus tard, et la BenKO n'aurait pas eu effet.
- Une chose à la fois, Cyrano."

Le sacrieur se prit la tête entre les mains. Il avait un sacré mal de crâne et avait toutes les idées confuses. Il prit conscience de ce qui l'entourait. Il était dans un lit très confortable, enveloppé d'une chaude couverture de coton. La chambre était petite, avec un chevet de bois à ses côtés.

"Tu es vivant? Tu...tu... Je t'ai vu recevoir une balle à la tête, puis tu t'es écrasé sur les rochers!
- Simple coup de chance, haussa Cyrano. Je vais t'expliquer ce qui s'est passé.

L'eniripsa s'assit sur une chaise devant son ami.

- J'avais cru bon de nous donner une aura d’absorption pour notre évasion. Le principe de ce sort est simple: tant que vous restiez à proximité de moi, vous profitiez de ma résistance magique. Malheureusement, l,aura n'était pas très puissante. Lorsque la balle m'a frappé, j'ai tout de même été assommé. Après m'être écrasé sur les rochers en bas de la falaise, j'étais aux portes de la mort. J'ai tout juste eu le temps de marquer un crabe qui passait par là avant de tomber évanoui. Mon fidèle lapino s'est chargé de me soigner suffisamment pour que je puisse me régénérer par moi-même.
- Combien de temps cela a pris?
- Environ une dizaine d'heures.
- Waow, s'étonna Gendiki. Tu étais vraiment presque mort!

Une voix de femme se fit entendre derrière la porte.

- Et toi, tu étais mort. Tu as frôlé le stade de désincarnation. Ça fait trois jours que tu dors.

La roublarde entra dans la pièce.

- Isaure! Toi aussi, tu es vivante!" cria le sacrieur.

Il avait les larmes aux yeux. Des larmes emplies de joie, et de doutes.

"Comment as-tu fait pour survivre? demanda-t-il.
- Je n'ai pas survécu.
- Pardon?
- Laisse moi continuer, interrompit Cyrano. Lorsque j'eus fini de reprendre mes forces, j'ai remonté la falaise et je suis parti à votre recherche. La seule chose que j'ai trouvé, c'était 3 tombes.
- 3 tombes?
- Une pour moi, une pour toi, et une pour Isaure. Ce n'était que des tas de pierres, puisque je savais pertinemment que je n'étais pas mort. C'était écrit que tu étais mort en tombant de la falaise. Isaure s'était fait trancher la gorge.
- Je confirme, assura la roublarde.
- Mais alors pourquoi?... commença Gendiki.

Cyrano plaça sa main devant lui en signe d'arrêt, interrompant encore une fois le sacrieur.

- J'étais on ne peut plus triste, continua-t-il. Inutile de dire que j'ai pleuré vos morts, restant plusieurs minutes devant vos tombes. C'est alors qu'elle est arrivée.
- Elle? Qui ça, elle?
- L'osamodas.



"C'était une femme très étrange."

Cyrano fouillait dans ses pensées pour ne pas oublier aucun détail. Gendiki écoutait attentivement, intrigué.

"Elle avait la peau totalement bleue. Dans ses cheveux argentés, deux cornes ressortaient, des cornes comme ceux de bouftous. Elle possédait une longue queue qui finissait en pointe. Elle avait l'apparence de quelqu'un de très jeune, mais... possédait une prestance qui semblait lui donner une sagesse incomparable.
- Depuis quand les osamodas ont la peau bleue?
- C'est elle qui m'a dit son origine. Elle ne m'a pas dit son nom, mais elle appelait son gobgob Chelpot.
- Un gobgob? Qu'est-ce que c'est? s'écria Gendiki, de plus en plus perplexe.

L'eniripsa soupira.

- Écoute, mon ami, cette histoire est toute aussi étrange pour toi que pour moi. Cette dame n'a pas voulu dire grand chose, juste qu'elle était là pour nous aider. Elle s'est placée devant la tombe d'Isaure, et a touché légèrement, du bout du doigt, l'une des roches. Toutes les pierres se sont soulevées d'un coup! Elles lévitaient dans le vide, comme si la gravité avait disparu! Le corps inerte d'Isaure s'est soulevé au-dessus du vide. L'osamodas l'a regardé quelques instants, pensive, puis a dit: "La désincarnation a donc subit elle aussi des changements...". Et là, le gobgob a avalé Isaure.
- !!!"



Gendiki regarda périodiquement Cyrano, puis la roublarde d'un air interrogateur. Isaure se chargea de continuer le récit.

"Je me suis réveillée dans le noir, expliqua-t-elle. Il y avait des éclats de lumière un peu partout, comme des étoiles lointaines. J'avais l'impression de flotter dans le vide. Autour de moi, des formes translucides, presque fantomatiques, bougeaient dans toutes les directions. C'était des animaux, mais je ne me souviens plus lesquels. J'étais entourée d'un vide infini, devant, derrière, en haut, en bas.
- C'est tout simplement incroyable... souffla le sacrieur.
- Il y avait une voix dans ma tête. Une voix apaisante. Elle disait: "N'aies pas peur, n'aies pas peur...". Et là, je me suis endormie.
- Isaure a été relâché par la créature, reprit Cyrano. Elle respirait! C'était un véritable miracle! L'osamodas m'a expliqué qu'elle avait pris son âme, avait créé un nouveau corps copié de l'ancien, et l'avait fait revivre. Je n'en croyais pas mes yeux.
- Lorsque je me suis réveillée, cette femme m'a regardé, continua la roublarde. Elle m'a dit que j'avais une dette envers elle, et qu'un jour elle aurait besoin de moi. Ensuite, elle est repartie comme elle était venue. Je n'ai plus jamais entendu parler d'elle après cet évènement."

Isaure se déplaça vers la table de chevet, à côté de Gendiki. Elle ramassa un bol récemment vidé de son contenu.

"Avant de partir, l'osamodas nous a aussi donné ceci. Elle nous a dit que ce liquide brunâtre était une BenKO, et qu'elle allait un jour nous servir.

Cyrano reprit:

- Je lui ai demandé pourquoi elle ne te ressuscitait pas. Elle nous a dit que ce n'était pas nécessaire, que tu étais vivant.
- Ainsi, j'ai une dette envers elle, moi aussi... commenta Gendiki. Comment m'avez-vous retrouvé? Je m'étais pourtant inventé une fausse identité!
- Nous avons fouillé le Québec pendant 2 mois à ta recherche. Nous avions presque perdu tout espoir, tu pouvais être n'importe où! Nous sommes entré dans cette bibliothèque, à Ottawa, pour fouiller dans les archives. Comme d'habitude, nous n'avons rien trouvé. Le concierge, qui avait entendu notre discussion, nous a renseigné qu'il connaissait un homme qui faisait des recherches sur toi.
- Odo Fumio...
- Exact. Il nous a donné son adresse, et nous sommes venus te chercher, tout juste à la fin de ton combat contre Dralbur."

Gendiki resta silencieux. Il devait assimiler tout ce qu'il venait d'apprendre, et ce n'était pas chose facile. Certes, il était heureux que ses amis et lui-même soient vivants, mais en même temps... il y avait de plus en plus de mystères dans cette histoire, de plus en plus d'informations inquiétantes qui s'entassaient les unes sur les autres pour former une toile d'araignée gigantesque dont il n'était qu'une marionnette.

"On ne peut pas rester ainsi, commença le sacrieur. On a perdu trop d'années à ne rien faire et, pendant ce temps, des choses mystérieuses se trament dans notre dos. Moi aussi, j'ai appris des choses. Maintenant, il faut agir.
- On te suivra où tu voudras, chef! salua en souriant l'eniripsa.
- Pareil pour moi" de compléter la roublarde.

Gendiki se leva debout, hors de son lit. Il leva le poing au ciel d'un ton solennel.

"Mes amis. Aujourd'hui est un grand jour. Aujourd'hui sonne le retour sur cette planète de la Rénégation!"Page précédentePage suivante